lundi 15 août 2011

La justice des hommes

S’il y a un sujet qui sème des émotions de toutes sortes c’est celui du verdict prononcé par un jury dans le procès de ce qui est communément appelé l’affaire Turcotte.
Le jury a rendu un verdict de non-responsabilité criminelle pour cause de troubles mentaux, au procès du cardiologue Guy Turcotte, accusé du meurtre prémédité de ses deux enfants, un verdict qui a rapidement soulevé la controverse.
Qu'est-ce qu'un tel verdict ? Quelles en sont les suites?
Le verdict de non-responsabilité criminelle pour cause de troubles mentaux s'applique lorsque l'accusé est reconnu avoir été atteint de troubles mentaux, qui le rendaient incapable de juger de la nature et de la qualité de l'acte criminel ou de comprendre que l'acte était mauvais, au moment de la commission de l'infraction. Dans ce cas, l'accusé ne peut ni être acquitté ni être déclaré coupable.
Selon plusieurs ce verdict semble à priori être encore une victoire de l’homme sur la femme comme il arrive souvent dans des causes de violences conjugales.  Dans l’affaire Turcotte, nous sommes devant un cas typique de violences déclenchés par une relation matrimoniale perturbée.  Selon ce qui fut entendu au procès, l’accusé n’a pas apprécié découvrir que son épouse avait une relation extraconjugale avec un autre homme. Sa jalousie grandissait de jour en jour au point de planifier consciemment ou inconsciemment son plan diabolique (ce n’est pas à moi d’en juger).  Son désarroi était tel qu’il ne voyait pas d’autre solution que de punir sa femme d’avoir commis l’irréparable à ses yeux. La question qui nous trotte tous dans la tête est de se demander si la jalousie est un trouble mental ou du moins mène-t-il au trouble mental? Si la réponse est positive, cela explique le fondement de la prise de décision du jury dans ledit procès de l’affaire Turcotte. 
Par contre si la réponse est négative comment expliquer ce verdict de non-responsabilité pour cause de troubles mentaux? 
Si en effet la jalousie n’est pas un trouble mental ou ne mène pas à des troubles mentaux, nous serions devant un cas parmi tant d’autres crimes passionnels qui ont vu des hommes et des femmes être condamnés à des peines d’emprisonnement très sévères pour avoir commis l’irréparable. La jalousie a toujours été à l’origine de ces actes criminels alors dans ce cas-ci pourquoi le verdict fut-il différent? Les avocats ayant défendu ces condamnés étaient-ils moins compétents que ceux qui ont défendu le docteur Turcotte?
Y-aurait-il une justice différente pour les gens riches?


C’est souvent l’impression qui se dégage de ces procès et j’en prends pour preuve la réaction exprimée sur les réseaux sociaux.  Les blogues, les lettres d’opinions dans les journaux ont fait un large état de ce fait.  De façon presqu’unanime dans l’opinion publique, il semble y voir une justice différente pour les gens riches. 
Au-delà de ce constat, essayons d’imaginer si dans le même cas l’accusé aurait été madame qui aurait découvert que son mari avait une relation extraconjugale avec une autre femme. 
Aurait-elle agi de la même façon? Aurait-elle eue le même verdict? 
Pourquoi faut-il que les enfants en soient toujours les victimes? Même dans les causes de divorces, les enfants doivent toujours subir le différent des parents.  Dans plusieurs causes d’agressions sexuelles ou de crimes passionnels, les hommes ont toujours eu le bénéfice du doute car on a toujours soutenu que la femme a souvent provoqué l’événement.  Elle est souvent montrée du doigt. Était-ce le cas dans la cause précitée? 
La femme est souvent défavorisée dans cette justice d’homme. 
Allons-nous le reconnaître?

1 commentaire:

  1. Je dois t'avouer, Roger, mon désaccord avec ta conclusion. Plusieurs criminalistes et criminologues partageraient d'ailleurs mon opinion. Il y a belle lurette que la femme n'est plus tenue responsable des agissements de l'homme au regard de la Loi. En fait, c'est désormais le contraire, mais cette réalité est aussi taboue que la violence féminine.

    Depuis quelques décennies, la femme est de plus en plus déresponsabilisée en droit familial comme criminel. Je me rappellerai toujours d'une formation donnée par un criminologue du Service correctionnel du Canada qui affirmait que le taux de criminalité plus faible des femmes s'expliquait par le fait que, pour une même offense, on préférait les envoyer en psychiatrie tandis que les hommes aboutissaient en prison. J'ai suivi cette formation en 1992. Comme tu vois, ça ne date pas d'hier. Deux poids, deux mesures.

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